Décidément, le monde des télécommunications est un monde bien difficile: on s'est battu pour qu'il y ait concurrence entre les fournisseurs de téléphonie et de communications: mobiles, puis fixes, puis ADSL.
Comme les clients étaient un peu pieds et poings liés par un éventuel changement de numéro de téléphone, chacun peut maintenant changer de fournisseur tout en gardant son numéro de téléphone, dont la portabilité est donc, en principe, l'un des meilleurs outils de développement de la concurrence.
Par ailleurs, on demande aux fournisseurs de développer au maximum les offres tarifaires, et ils s'exécutent avec une bonne volonté variable!
Tout ceci combiné nous conduit en réalité à une situation actuellement absurde:
quand on appelle un correspondant, son numéro -qui, rappelons-le, a pu être porté depuis un autre fournisseur- ne donne aucune indication quant à son fournisseur, or le prix que l'on va payer dépend essentiellement de ce fournisseur; par exemple, selon le cas si A appelle B il paiera quelque chose, mais si B appelle A cela sera gratuit!
Ainsi, depuis début janvier:
les abonnés "téléphonie" de Free continuent à appeler gratuitement les postes fixes France Telecom, et les "postes ADSL" de Free et de Wanadoo (en principe différents des fixes France Télécom), en plus, ils appellent gratuitement les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, l'Italie, etc mais ils payent pour appeler les "box" de Neuf/Cegetel et d'Alice/Tiscali!
Or... les abonnés en dégroupage total ont pour la plupart "porté" leur numéro, on ne peut donc pas savoir facilement quel est le fournisseur du numéro que l'on appelle...
Une situation similaire existait déjà dans le téléphone mobile, où SFR d'abord, puis Bouygues et enfin, nolens volens, Orange, proposent des communications gratuites ou à tarif très réduit le soir vers les fixes (au moins ceux de France Télécom) et les mobiles du réseau correspondant (donc respectivement SFR, Bouygues et Orange): le numéro de portable ne permet plus à lui tout seul de savoir avec 100% de certitude quel est le fournisseur du service.
Notons que, commercialement, la situation est très confortable pour la plupart des fournisseurs: ils claironnent haut et fort des communications illimitées gratuites... et passent sous silence le problème des numéros "portés", engrangeant donc en toute discrétion un revenu complémentaire.
Il est donc fort probable que le mécanisme de l'entente réelle, donc illicite, entre les trois opérateurs de mobiles, se reproduira entre l'ensemble des opérateurs de "téléphones ADSL". Sauf, bien sûr, si les associations de consommateurs arrivaient à exercer une forte pression sur l'ARCEP qui du coup se sentirait vraiment obligée de se remuer pour normaliser la situation.
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